NOTE 4,5/5
SORTIE EN SALLES LE 16 NOVEMBRE 2016
Swagger nous transporte dans la tête de onze adolescents aux personnalités surprenantes, qui grandissent au cœur des cités les plus défavorisées de France. Malgré les difficultés de leur vie, les gosses d’Aulnay-sous-Bois et de Sevran ont des rêves et de l’ambition. Et ça, personne ne leur enlèvera.
Réaliser un film sur la banlieue, c’est quelque part prendre le risque de tomber dans le cliché : la violence, le racisme, l’entre-soi… Chez Olivier Babinet, la caméra n’est jamais imposante ni intrusive. C’est un miroir, une oreille attentive prête à recevoir les paroles de ces onze jeunes, qui racontent avec humour et détachement leur rapport au monde. Et à la vie.
A leur manière, tous ont ce quelque chose de cinématographique, qui leur confère un côté particulièrement attachant. De leur discours ressort de vrais questionnements, qui nous épatent par tant de maturité. « Swagger » est un enthousiasmant mélange de lucidité et d’innocence. Comment pas être émus par cette fillette de 11 ans qui dénonce les Barbies blondes auxquelles elle ne s’identifie pas, ou cet ado de 14 ans – incroyablement drôle – , qui tient à se démarquer vestimentairement car les autres « ont le style clone, c’est-à-dire jogging baskets » ?
On a le sentiment de vivre un moment rare, précieux, quasiment privilégié avec ces mômes en or, brillants, loin des idées reçues. Et entre deux sourires, avoir le cœur un peu serré par la fragilité de leurs illusions, leur pragmatisme désabusé et cette forme de fatalisme inévitable. A la question « as-tu déjà vu un français blanc ? », les réponses sont énoncées avec bienveillance, mais sont éminemment déchirantes. Difficile d’échapper à la ghettoïsation qui fait hélas partie de leur réalité… Entre passé, présent et futur, « Swagger » habille un lumineux portrait de jeunesse, véritable déclaration d’amour à cette génération de stigmatisés. Sublime.